Cas d’étude – Procédure stop show : quand faut-il interrompre un concert ?

Cas d’étude – Procédure stop show : quand faut-il interrompre un concert ?

S’il y a un phénomène qui se reproduit à chaque fois qu’un artiste célèbre donne un concert, c’est bien celui-là : des fans qui arrivent tôt pour dénicher la meilleure place, qui attendent des heures, parfois dans une chaleur torride et sans s’hydrater, pour ensuite acclamer leur idole dans une foule dense et se déhancher frénétiquement – pour ne pas dire se bousculer – sur ces beats qu’ils aiment tant. Cette passion et cet amour font plaisir à voir… mais le corps a ses limites. Et il arrive que les festivités tournent mal. Les 120 malaises recensés lors du concert de Gazo le 13 juillet dernier aux Francofolies de La Rochelle nous l’ont rappelé.

 
On se souvient bien sûr aussi de situations plus dramatiques, telles que la catastrophe survenue lors du festival danois Roskilde, en 2000. Un mouvement de foule avait alors causé la mort de neuf personnes pendant le concert de Pearl Jam. De (trop) longues minutes s’étaient écoulées avant que le concert ne soit finalement stoppé. Ni les artistes ni les organisateurs n’ont été condamnés, mais des lacunes ont été pointées concernant la politique d’arrêt d’un spectacle. Plus récemment, c’est le festival texan Astroworld qui a créé l’émoi en novembre 2021. Dix personnes ont trouvé la mort pendant le concert de Travis Scott. Si le rappeur a réalisé ce qu’il se passait et interrompu à plusieurs reprises son concert pour venir en aide aux personnes victimes de malaise, il a néanmoins repris ses chansons malgré les alertes très claires des spectateurs. Selon un rapport tout juste publié par la police de Houston, deux membres de l’équipe du rappeur auraient même empêché le responsable de la sécurité du festival d’arrêter le concert. Quelque 400 démarches judiciaires sont en cours contre le promoteur Live Nation, Travis Scott et d’autres responsables du festival.
Vingt-trois ans après Roskilde, deux ans après Astroworld, où en sommes-nous ?


Suite à ces drames, les artistes sont toujours plus nombreux à interrompre volontairement leur performance lorsqu’ils voient des personnes en difficulté. Ils cherchent à calmer le public et se préoccupent de sa sécurité. Début 2022, Billie Eilish a interrompu deux de ses concerts pour porter secours à des fans dans l’assistance, attendant qu’ils aillent mieux pour reprendre. Quelques mois plus tard, c’était au tour d’Adèle de suspendre son concert en pleine chanson. Toujours en 2022, Orelsan s’est quant à lui éclipsé deux fois de la scène lors du spectacle qu’il donnait au festival Art Sonic. Certains artistes prennent même les devants, à l’exemple des rappeurs Suicideboys qui, en juillet 2022, ont demandé à leur public d’aider à se relever toute personne qui viendrait à tomber. En mai 2023, Taylor Swift est quant à elle intervenue pour venir en aide à une fan, aux prises avec un agent de sécurité. Lors de son passage aux Francofolies, Gazo a également interrompu son spectacle à huit reprises pour faciliter l’évacuation des personnes en détresse. Les images relayées sur les réseaux et dans la presse sont explicites : l’artiste donne des instructions au staff de sécurité et invite le public à ne pas faire de pogos pour éviter d’aggraver la situation.


Ces décisions d’interrompre un concert constituent un cas d’étude intéressant car elles font apparaître des aspects souvent négligés par les organisateurs. Elles posent la question de la vigilance à avoir en devant de scène du fait de la densité potentiellement dangereuse et des mouvements de foule qui peuvent générer chutes et accidents. L’anticipation des situations à risque et la définition de procédures d’urgence sont des éléments clés d’un accueil réussi. Parce qu’au final, la priorité de tout organisateur d’événement est d’accueillir son public et ses artistes dans des conditions optimales, d’assurer leur sécurité et de leur garantir une expérience positive.
Comment décide-t-on d’arrêter un concert ? Est-ce vraiment aux artistes de jouer à la police ? S’ils ont un rôle fondamental à jouer grâce au contact qu’ils entretiennent avec le public, il est primordial qu’une procédure claire soit établie et que toutes les parties prenantes collaborent.

 
C’est justement ce que nous aborderons le 16 novembre prochain lors du module « Évaluation des risques pour l’événementiel » de notre Certificat en sécurité événementielle et gestion de foule. Sylvère Jeanne, Manager sécurité des sites de compétition des JO Paris 2024 (et ancien Directeur Sécurité de Paris La Défense Arena) évoquera notamment la nécessité d’analyser correctement les caractéristiques d’une manifestation (design du site, profil des participants, type de spectacle, densité attendue, conditions météo) pour anticiper et gérer au mieux les situations à risque potentiel.

 
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Certificat iSSUE, informations et inscriptions : https://www.issue.ch/cours-et-formations-2023/


Pour comprendre ce qu’il s’est passé lors du festival Astroworld, nous vous recommandons l’analyse de Mehdi Moussaïd, qui est également l’un de nos experts : https://www.youtube.com/watch?v=mhLKT4D2YvI


Pour en savoir plus :