L’épidémie de COVID et son impact sur les festivals et les concerts à l’agenda de la conférence virtuelle IFF 2020

L’épidémie de COVID et son impact sur les festivals et les concerts à l’agenda de la conférence virtuelle IFF 2020

IFF (International Festival Forum) a lieu chaque année à Londres au début du mois de septembre. C’est la principale plate-forme à l’échelle mondiale permettant aux festivals, aux promoteurs et aux agents de se mettre en réseau.

Compte-tenu de la crise actuelle de Covid-19, l’édition 2020 s’est déroulée en ligne les 2 et 3 septembre sous le nom de Interactive Festival Forum (IFF), un événement unique de deux jours en direct, réunissant des centaines de professionnels de festivals et d’agences du monde entier pour des discussions et des conférences, des speed meetings et du networking virtuel.

Dans le cadre de cet événement, Pascal Viot (Coordinateur Accueil et Sécurité du Paléo Festival / Directeur d’iSSUE) s’est vu sollicité pour animer une table ronde sur le thème « New Threat, New Risks » (Nouvelle menace, nouveaux risques) pour évoquer la situation actuelle autour de l’impact de l’épidémie de COVID-19 sur les festivals et les manifestations. Aux côtés d’Henrik Bondo Nielsen du Roskilde Festival (Danemark), avec qui il coordonnée le YES Group (Yourope Event Safety Group), il a ainsi animé une discussion avec Coralie Berael (Directrice de Forest National Arena Bruxelles), Nick Morgan (CEO de We Are The Fair) et Morten Therkildsen (Coordinateur Sécurité du Roskilde Festival).

A la suite de cette session inaugurale, la conférence IFF programmait une seconde discussion sur le thème « The Big Rebuild: Festivals bounce back » (La grande recontruction : les festivals rebondissent), animée par Maria May de l’agence CAA, avec Jim King, CEO de European festivals chez AEG Presents, Russell Warby, partner et agent chez WME, Herman Schueremans, CEO de Live Nation Belgium/ Rock Werchter et Roberta Medina de Rock in Rio.

Voici le résumé (traduit en français) des discussions de ces deux conférences, publié par IQ Magazine.

Le workshop « New Threat, New Risks » ouvre la conférence IFF avec comme modérateur Pascal Viot, du Paléo Festival de Nyon, qui déclare que du point de vue de la santé et de la sécurité, « nous sommes tous dans une position très confuse ». « Nous devons envisager les festivals de l’année prochaine aux niveaux stratégique, politique et opérationnel », a déclaré M. Viot aux délégués. Coralie Berael, directrice de la Forest National Arena, est d’accord mais ajoute que l’opinion publique est également un facteur critique pour le retour à la vie l’année prochaine. « Nous nous en sortons au niveau politique maintenant, mais il est également important que l’opinion publique évolue par rapport à ce que nous faisons. En fin de compte, nous pouvons parler de politique et de stratégie, mais dans cette crise, il y a un engagement et une responsabilité individuels qui sont différents de la gestion des risques standards. C’est à chacun d’adhérer aux nouvelles mesures », dit-elle.

La remarque de Mme Berael a suscité une discussion sur la question de savoir s’il devrait être de la responsabilité d’un festival de fournir des masques et des contrôles de température. Nick Morgan, de We Are The Fair, a répondu de façon claire : « Nous ne pouvons que faire des suggestions. Nous ne devrions pas avoir à hériter des coûts. Si les gens se sentent vulnérables ou en danger, ils ne devraient pas assister aux festivals ». Morten Therkildsen, responsable de la sécurité, de la santé et de la sûreté au festival Roskilde, a abondé dans le même sens, affirmant que les festivals ne devraient pas avoir à supporter le fardeau alors qu’il y a tant d’autres obstacles à franchir. « Nous devons gérer les finances, booker des artistes, nous assurer que leurs déplacements sont possibles, trouver le personnel adéquat pour mettre en place des mesures de protection et gagner la confiance nécessaire des festivaliers pour vendre les billets. L’image et la réputation du festival doit également être prise en compte. Voulons-nous organiser Roskilde avec distance sociale entre les festivaliers ? Non, nous ne voulons pas suivre le modèle du Virgin Money Unity Arena de Newcastle », dit-il.

Tous les membres du panel s’accordent à dire que le dialogue entre experts de la santé publique et de la sécurité événementielle doit se développer de façon plus importante afin d’éviter les messages contradictoires au public. Henrik Bondo Nielsen, responsable de la division Services du festival Roskilde, déclare : « Nous devons trouver des experts qui peuvent garantir que l’aspect sanitaire peut être correctement pris en considération. Nous devons créer une chaîne solide avec des experts de la santé et combiner nos connaissances sur les contextes de foule, et essayer de créer une alternative aux restrictions. Notre industrie doit travailler ensemble et unir ses forces ».

Maria May, agente chez CAA a dirigé la panel session « The Big Rebuild : Festivals bounce back », où les intervenants ont débattu du manque de confiance dans le retour des événements live l’année prochaine.

Jim King, directeur général des festivals européens chez AEG Presents, pense que le Royaume-Uni a un « énorme problème de confiance » qui ne se résorbera pas tant que l’industrie ne se sera pas unie et n’aura pas créé un plan à toute épreuve. « En tant que secteur d’activité, nous devons montrer que nous avons réduit les risques à tous les niveaux. Ensuite, nous devons présenter ce plan comme un front uni, avec un niveau de confiance qui se traduira pour les artistes et les fans. D’ici là, nous ne faisons que mettre la même feuille de papier autour de la table. Je ne pense pas que nous soyons encore prêts, mais nous le serons d’ici l’été prochain », dit-il.
Russell Warby, partenaire et agent du WME, dit qu’il a déjà fait l’expérience de l’esprit de coopération que King espère. « Les promoteurs et les agents parlent plus que jamais de choses pratiques, et pas seulement de frais. Nous restons derrière les promoteurs. Ils vont être en première ligne. Nous représentons les artistes, mais nous sommes guidés par ce qui se passe devant nous », dit-il.
Cependant, Herman Schueremans, PDG de Live Nation Belgium/ Rock Werchter, est d’accord avec King : « Il s’agit d’essayer de créer le bon moment au bon moment. » En ce qui concerne l’industrie du spectacle vivant en Belgique, M. Schueremans estime que la clé de la confiance réside dans le lobbying auprès du public. « La suggestion est que – comme tous les spectateurs sont très fidèles – nous les contactions et leur disions que si vous voulez aller aux festivals l’année prochaine, vous devrez vous faire tester le jour de l’événement », dit-il, ajoutant que des tests Covid de 15 et 30 minutes seront disponibles dans les mois à venir.
M. Schueremans est optimiste quant au retour à la vie de l’industrie mondiale et à sa capacité à résoudre les problèmes : « Nous ne sommes pas des amateurs. Nous sommes une entreprise forte et constructive ». Ce stoïcisme a été repris par Roberta Medina de Rock in Rio qui a ajouté : « La société est suffisamment mature pour trouver rapidement des solutions ».