26 Juil Cas d’étude – Quand le lancer de projectiles sur les artistes révèle un désir de proximité
Le lancer de tomates – ou de fleurs, c’est selon – au cours d’une performance scénique existe depuis la nuit des temps. À notre époque, les tomates ont été remplacées par les objets les plus divers tels que téléphone, nuggets de poulet, meule de fromage ou encore sachet contenant les cendres d’une personne défunte. C’est du moins l’expérience qu’ont faite dernièrement des artistes tels que Pink, Harry Styles, Drake, Bebe Rexha et bien d’autres encore. Si ces objets portent le plus souvent à sourire, d’autres contrarient la poursuite du spectacle. On se souvient par exemple d’Oasis qui avait déserté la Grande Scène du Paléo Festival en 2000 après différents jets du public. Ces derniers mois, les cas lors desquels des artistes ont été blessés par ces projectiles se sont répétés. Au point que certains, à l’exemple d’Adele lors de son dernier concert à Las Vegas, demandent désormais explicitement à leur public de ne rien lancer sur la scène.
Comment convient-il de réagir face à ces comportements ? Sont-ils le symptôme d’une société sans foi ni loi, où la violence a remplacé le respect ? Poussons le raisonnement plus loin. Kirsty Sedgman, spécialiste de l’étude du public à l’Université de Bristol, a observé un changement dans les comportements depuis la fin des restrictions liées à la pandémie de Covid-19. Forcés pendant de longs mois à assister aux concerts par écrans interposés et cantonnés à entretenir une relation unidirectionnelle avec leur idole via les réseaux sociaux, les gens ont soif de concerts live et de contacts authentiques. À l’opposé, les artistes vivent de plus en plus dans des bulles de sécurité qui créent une distance supplémentaire avec le public. Les concerts représentent dès lors pour les fans l’unique possibilité d’entrer en contact avec leur idole. D’où certains débordements qui sont le plus souvent l’expression de sentiments extrêmes de joie, d’amour, d’admiration qui parfois dévient de leur trajectoire.
Ces événements constituent un cas d’étude intéressant car ils font apparaître des aspects souvent négligés par les organisateurs. L’anticipation et la compréhension des besoins et attentes du public sont des éléments clés d’un accueil réussi. Parce qu’au final, la priorité de tout organisateur d’événement est d’accueillir son public et ses artistes dans des conditions optimales, d’assurer leur sécurité et de leur garantir une expérience positive.
Il y a quelques jours à peine, Louise Attaque a démontré, lors de sa prestation au Paléo Festival, qu’il était encore possible de prendre un bain de foule en toute sécurité. Alors, entre proximité attendue et distance nécessaire, comment gérer au mieux la rencontre entre un artiste et son public pendant un concert ? Comment créer un contact qui soit enrichissant pour les uns comme pour les autres tout en assurant la sécurité de chacun ?
C’est justement ce que nous aborderons le 1er décembre prochain lors du module « Comportements anti-sociaux et gestion de l’ordre public » de notre Certificat en sécurité événementielle et gestion de foule. Le Prof. Olivier Fillieule de l’Université de Lausanne et Christian Cudré-Mauroux, lieutenant-colonel retraité de la police de Genève, parleront notamment de la nécessité de connaître le profil des participants attendus et d’anticiper les débordements afin de construire une stratégie d’approche proportionnée, ciblée et efficace et de favoriser les comportements positifs.
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Pour en savoir plus :
https://www.sundaypost.com/fp/theatre-behaviour/
https://www.daily-rock.com/au-paleo-les-fans-au-premier-rang-sont-organises-et-chouchoutes?amp=1